Valentine Umansky - Galeriste

 

Comment êtes-vous devenue galeriste et commissaire ?

 

J'ai suivi des études à l'EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales) en parallèle d'un master spécialisé dans les sciences et techniques de l'exposition à Paris I. Toutefois, on peut dire que j'ai appris mon métier sur le tas. Ce n'est pas vraiment l'apprentissage scolaire qui fait le galeriste ou le commissaire même si une base de connaissances en histoire de l'art et en histoire des expositions est toujours utile. Ma première véritable expérience professionnelle a eu lieu auprès des Rencontres d'Arles, le festival dédié à la photographie dans le sud de la France. C'est par ce biais que je me suis insérée dans la profession. J'assistais la personne en charge de la semaine d'ouverture et des publications.


 

Est-il essentiel de connaître de nombreuses personnes pour évoluer dans votre travail ?

 

Une grosse partie du travail repose sur le réseau, en effet. D'une part concernant les artistes. Il est essentiel d'avoir une bonne connaissance d'une, voire de plusieurs scènes artistiques, pour proposer des projets artistiques intéressants. D'autre part, j'aime travailler en collaboration. En ce sens, il est intéressant d'avoir des soutiens et des regards critiques qui complètent le mien. J'ai ainsi adoré la collaboration avec le Random Institute de Zürich, versé dans la performance tandis que je viens plutôt des arts visuels. Le réseau est aussi synonyme de collaboration. Enfin, les contacts sont nécessaires à la bonne visibilité des projets. C'est grâce au soutien d'institutions et de journalistes que les projets peuvent être vus dans un cercle plus large que le cercle amical. J'apprécie aussi ce soutien.

 

 

Quels sont les avantages et les inconvénients de votre profession ?

 

Les avantages principaux sont la grande liberté d'action des commissaires qui ont les mains et les idées libres pour proposer les projets les plus fous (kidnapper un auditoire par exemple !) et l'indépendance qui est à la fois un avantage et un inconvénient. Cela implique de constamment se vendre et d'avoir une capacité pour le démarchage que certaines personnes n'ont pas. C'est un travail qui implique d'être toujours sur le qui-vive, ce qui me semble aussi être une qualité mais qui peut être assez stressant. On demande une grande flexibilité aux commissaires aujourd'hui, et surtout une capacité de polyvalence qui est difficile à atteindre.

 

 

Choisissez-vous les artistes que vous représentez ou vous arrive-t-il de représenter des artistes dont les oeuvres ne vous touchent pas ?

 

En tant que galeriste, je représentais en effet des artistes dont les œuvres ne me plaisaient pas particulièrement mais en tant que commissaire indépendante, je travaille avec les artistes dont le travail me parle (heureusement). Cela dit, on peut tout à fait ne pas apprécier personnellement esthétiquement une œuvre, mais lui trouver cependant un intérêt dans le cadre d'une exposition.

 

 

Pourriez-vous nous expliquer la différence entre la profession de galeriste et de commissaire indépendant ?

 

La différence est énorme. D'un côté il s'agit d'une expérience marchande et de l'autre d'une expérience non lucrative. Lorsque l'on utilise le terme galerie, en France, on parle du secteur commercial. Evidemment ce n'est pas le cas ici, aux Etats-Unis où je travaille actuellement, puisque le mot " gallery " définit surtout l'espace d'exposition. Mais de manière générale, le suivi d'un galeriste est un suivi rapproché. Il est au fait de l'évolution d'un artiste, et ce sur le long terme (du moins on le lui souhaite). Par opposition, la logique de commissaire indépendant implique des collaborations ponctuelles avec les artistes, mais cela n'empêche pas qu'une affinité puisse se créer, invitant le commissaire à soutenir le travail d'un artiste sur le long terme. 

 


 

Quelle est l'exposition dont vous êtes la plus fière ? Pour quelles raisons ?

 

L'exposition dont je suis la plus fière... Sans doute la plus récente en collaboration avec Sandino Scheidegger autour du travail de deux artistes marocains dont les œuvres n'étaient présentées que par le biais d'archives et de dossiers. Il fallait donc fouiller dans des pochettes en Kraft pour découvrir leur travail ce qui pouvait décontenancer les spectateurs.

D'autre part l'exposition reposait sur un processus hasardeux. Le spectateur était invité à prendre un ticket avec un numéro qui lui permettait d'aller rendre visite à l'un des artistes au Maroc, qui ne remplissait pas les critères nécessaires à l'obtention d'un visa Suisse, ou d'organiser chez lui une discussion sur le travail de l'artiste, pour le second artiste qui avait obtenu son visa.


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