Pierre Leblanc - Réalisateur

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Comment avez-vous eu l'idée de créer votre court-métrage Entre les lignes ?

 

Dans une société d’individus, chacun est de plus en plus condamné à être séparé des autres, acte politique volontaire ? J’essaie de concilier une dimension sociale et artistique. Loin de moi une volonté moraliste, mais je tente de transmettre des signes de solidarité, des messages de tendresse. J’essaie de porter par l’image, parfois de façon brutale et incisive des idées nobles. D'ou l'idée de ce court-métrage, au-delà des mots, il reste les pensées... Que révèlent-elles, les " maux " ? Dans le métro notre théâtre humain se joue, du sordide au drôle, en passant par l’ignoble ou le poignant. Comme des images qui s’imprimeraient sur la rétine, entre deux clignements de l’œil, dans un monde que nous refuserions de voir. Si proche, si palpable.

 

 

Le considérez-vous comme un échantillon de pensées de la population française ?

 

Je pense que l’art n’a pas pour vocation unique de distraire, au sens de l’amusement, mais qu’il peut aussi distraire en contraignant à détourner le regard de ce à quoi il s’est accoutumé et nous amener quelques fois par le rire vers ce qu’il n’ose plus questionner. Je filme ou photographie de front la réalité telle que je la vois et dénonce les travers de nos modes de vie. Par-delà toute censure, en projetant sur chaque photographie une image mentale très dessinée, à la lisière de l’illustration, je tente de cartographier une société où des hommes et des femmes immobiles apparaissent prisonniers de leur propres représentations.

Notre pensée policée par les médias est soumise par les catégories dominantes. Il faut alors faire des efforts surhumains pour différer, rester singulier, exister… Certains réussiront à faire reconnaître leur valeur sociale, voire leur humanité. Certains passeront l’épreuve de la construction de soi avec brio et montreront leur puissance et leur capacité à tirer les ficelles de leur propre histoire. D’autres individus résidant dans les marges, plus négatifs, plus fragiles, transpercées par des histoires abîmées seront menés tels des nomades dans une recherche hasardeuse d’un minimum de confiance en soi et de respect. Certains bénéficieront des réseaux et des chaînes d’interdépendance existantes qu’ils renforceront par leurs actions, tandis que les autres resteront à l’écart ou seront écartés d’un grand nombre de ressources car leur présence n’est pas profitable. 

Comment est née votre passion pour le cinéma ?

 

C’est lors d’un voyage au Sénégal que j’ai pris conscience que la photographie serait mon médium d’expression. Je ne suis pas très à l’aise avec les " maux ", l’image me permet de prendre le recul nécessaire… Pour en parler. Pendant dix ans, c’est avec mon Nikon FM2 que j’ai fait de la photographie dite de rue, en noir et blanc, de part la propagation des images et du manque de contrôle de diffusion de ces dernières, les sujets commençaient à être méfiants, le photographe dérangerait-il ? C’est donc tout naturellement que je me suis petit à petit tourné vers la mise en scène… Et le désir d'utiliser la vidéo.

J’aime les gens et les rencontres, le médium photographique ou vidéo me permet de mettre en scène des projets d’art sociaux, pour dire la société, pour dénoncer, mais aussi pour rêver. Comme l’a très bien expliqué Denis Louis Colaux dans un article qu’il a publié sur mon travail : " Le but ici n’est pas (seulement) de séduire mais d’impacter, secouer, déstabiliser, troubler, affecter. Le but est de trouer la membrane du regard superficiel et fuyant. Les photographies sont  des occasions de duel, ou d’étreinte, d’affrontement ou de complicité, des images qui engendrent des tensions, des réactions, qui sortent le regardeur de cette espèce de placidité flottante qui caractérise trop souvent le regard du touriste culturel… "

 

 

Comment définiriez-vous votre style cinématographique ?

 

Le photographe ou le réalisateur est l’individu à la recherche de lui-même, insatisfait d’un monde dont il veut témoigner.  Mais c’est aussi celui qui réussit  grâce à son objectif à mettre en relation les êtres séparés.  Dans mon travail, je vous invite à prendre la mesure de mon déboussolement. Tous les sujets sont bons, toutes les mises en scènes sont possibles, avec pour seule limite l’imaginaire...

Comment faites-vous connaître vos réalisations ?

 

L'essentiel de mon réseau s'est constitué au fur et à mesure des expositions, mais également par l'intérêt que certains collectionneurs portent à mon travail. Mes deux dernières séries photographiques intitulées Le banc et Intérieurs, ont été distinguées par plusieurs publications nationales, comme L'Oeil de la Photographie, et internationales en Chine, USA, Canada, Italie et Belgique. Cette reconnaissance m'a apporté de nombreux clients, qui m'ont par la suite confié la réalisation de projets en photographie et en vidéo.

 

 

Quelles sont vos influences ?

                    

Mes influences sont G. Crewdson, Nan Goldin, Hiroji Kubota, Harry Gruyaert, Diane Arbus, Jen Davis, Olaf, Bourdin, Alex Magoli, Mc Curry,Koudelka, Garcia Rodero, Antoine d’Agata, Rio Branco…

Mes autres sources d’inspirations sont le cinéma, j’affectionne tout particulièrement le cinéma de Tarkovski, Haneke, Audiard, Ozon, Fellini, Tati, Bresson, Desplechin, Powell…

Et Jacques Brel….


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