Les plans du pélican - Association de production

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Jérémie Brugidou et Fabien Clouette sont des fabriqueurs de films, de textes et de poteries. Ils nous présentent leur structure de création, Les plans du pélican. 

Les plans du pélican, c'est quoi au juste ?

C'est le nom qu'on a donné à notre association de production, qui nous regroupe tous les deux. On s’est rencontré à New York, avec l’envie tous les deux de faire des films. Ça a donné Bx46, l’essai documentaire qu’on a réalisé en 2013/2014 dans le quartier de Hunts Point dans le Bronx. Mais cette structure vit au delà notre noyau dur, devient collectif lorsque nous rejoignent en vol d’autres oiseaux que les pélicans, comme les chefs-opérateurs, les monteurs, les musiciens… 

Comme le sassabi, le pélican, c’est notre totem. En Floride, les Pélicans disparaissent. Ils passent toute la journée à pêcher, répétant constamment de violents contacts avec la surface de l’eau pour attraper un poisson. Ils développent des cataractes. On les croise souvent, debout sur des piliers de bois, complètement aveugles et attendant la mort. Après l’aveuglement, suit l’expérimentation, le tâtonnement à partir du plan de départ : suivre les lignes éclatées, se lover dans les plis, embrasser la fièvre, traquer l’épiphanie pour la rendre permanente. Alors les yeux ne nous servent plus à rien car ils ne renvoient que l’image du connu : il faut devenir rayon perpétuel de lumière, se mouvant à une vitesse toujours plus grande, sans répit, sans retour, sans faiblesse. Et nager dans le delta des images. 

Qui sont ceux qui participent aux projets mis en place par  Les plans du pélican ? 

Il y a des oiseaux qui font plus ou moins systématiquement partie de nos migrations. Jeffrey Dunn Rovinelli a monté notre premier long-métrage Bx46, et on a de nouveau fait appel à lui en juin dernier pour le montage de notre long-métrage en cours, Les Bruits que la Nuit Chante. Jeff est monteur pro à New York et il est aussi réalisateur ; il travaille actuellement sur son projet Empathy. On a aussi eu besoin de s’entourer pour ce dernier projet, avec la chef opératrice Juliette Barrat (collectif Comet), et au son Rémi Carreau (collectif Comet également) et Jules Valeur. Comme on avait besoin d’une BO, on a aussi fait appel à Théodora, qui compose la musique du film. 

Comment vous est venue l'envie de créer cette structure ?

C’était surtout guidé par l’envie de continuer à travailler ensemble, et de s’entourer d’autres personnes dans le cadre de nos projets. C’est un carrefour pour tous nos projets, images, textes, recherches… Nous préférons aussi l'idée d'une autorité collective plus qu'individuelle ; les projets évoluent toujours de manière organique selon les branchements qui s'organisent autour. L'auteur est une meute. 

Pourriez-vous nous en dire plus sur vos projets passés ?

Nous avons réalisé deux long métrages : un documentaire de création en 2013 qui a commencé son parcours festivalier par une sélection compétitive au FID Marseille ; une fiction récemment tournée dans le 18e arrondissement à Paris qui propose à la fois une exploration engagée au sein d'espaces hybrides et une mythologie des formes urbaines. 

Nos deux projets concrétisés constituent le point de départ d'une constellation que nous commençons à entrevoir. Nous avons plusieurs projets encore à l'état d'idées, des " fictions " et des " documentaires " : il s'agit toujours d'aller chercher les lieux d'ouverture du réel, de s'immiscer dans les zones de fébrilité. Nous avons une démarche constamment ambitieuse et exploratoire avec l’idée qu'un film vaut la peine d'être concrétisé s’il est impossible d'en faire le tour par avance. Les " plans " que nous souhaitons faire se développent dans une surprise continue. 

Quels sont les projets à venir pour  Les plans du pélican ?

Après Les Bruits que la Nuit Chante – qui constitue un peu le prototype urbain de la prochaine fiction – on aimerait beaucoup trouver une boîte de production qui nous aiderait sur le projet Repos et Fatigue des Terres. C’est l’histoire d’un pays rural qui se heurte à plusieurs difficultés : des champs contaminés empêchent tout travail, des loups rôdent, des bergers va-t-en guerre s’organisent pour le combattre… C’est aussi l’histoire d’un loup qui se transforme en homme pour devenir le bras armé de ces bergers en colère, et qui vit une aventure  amoureuse avec une zoologue venue dans le pays pour résoudre le problème de contamination des blés. Les revendications des habitants se transforment finalement en grande mascarade, grande fête masquée pendant laquelle les champs contaminés brûlent, les valeurs s’inversent, et le jeune homme achève le cycle de sa métamorphose en reapprenant les gestes du loup. Ce récit vise encore à une construction mythologique d’inspiration diverses (songlines aborigènes, contes amérindiens…) au sein d’un contexte à forte charge de réel : celui de la réapparition du loup dans les campagnes, et des luttes sociales paysannes. À ce contexte s’ajoute donc une envie de raconter des histoires, de faire une place aux subjectivités et d'utiliser des situations plus " documentaires " comme des récifs de concret contre lesquels vient s'exprimer une puissante houle imaginaire. Pour le moment on a fait des repérages en Lozère à deux reprises. On sait les espaces qu’on veut filmer, on a déjà un noyau d’équipe autour du film, on a un premier scénario écrit, il reste à trouver des financements pour tourner. 

En parallèle de ça, et parce qu’on ne veut pas attendre ces financements pour faire des films, on travaille sur un projet qui nécessite a priori moins de moyens et qui réunit nos deux terrains de recherches en tant que doctorants. On écrit un essai sur l’apparition des images maritimes. Il s'agit d'un parcours qui part du fond des océans pour aller vers la surface et d'imaginaires purement sonores vers des imaginaires de purs écrans. On travaillerait avec la Marine, les biologistes marin et les pêcheurs. 

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