Lia Rives - Chorégraphe et metteur en scène

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Photographie de Margaux Rodrigues
Photographie de Margaux Rodrigues

Parlez-nous de votre Collectif pLuRiel des Arts de la Scène...

 

Le Collectif pLuRiel des Arts de la Scène regroupe de jeunes artistes issus de diverses disciplines (danse, théâtre, musique, vidéo, photographie...) et les réunit autour de la création. J’ai eu l’idée de créer ce Collectif après ma sortie de formation artistique en danse jazz au pôle supérieur de Paris. Une fois larguée dans " le monde du travail ", j’ai tout de suite eu envie de créer mon propre boulot par souci de garder ma liberté et afin de rester en cohérence avec la conception du corps et de la danse qui m’est chère. Et aussi pour assouvir ma soif de création ! En parallèle, je me suis vite rendue compte qu’il existe de nombreux jeunes artistes motivés et plein d’énergie. C’est une jeune génération d'artistes qui cherche à exister, qui est dynamique, pleine de créativité et très productrice. Mon idée a été alors de réunir ces artistes là afin de créer des œuvres collectives.

Le but est de valoriser la jeune génération d’artistes et de créateurs, leur donner un lieu d’expression et permettre la diffusion de leurs créations,  de permettre à différents artistes de se rencontrer entre eux et de pouvoir échanger tout en ouvrant de nouvelles perspectives, de développer la pluridisciplinarité dans la création artistique. Et enfin de proposer au public des formes originales de spectacle. Dans un climat social et médiatique où la jeunesse fait peur, est méprisée et est sujette à de nombreux préjugés qui la minent, il me semble important de donner une image positive de la jeunesse à travers la création artistique.

 

 

Pourriez-vous nous présenter votre projet Les secrets de Camille ?

 

Les secrets de Camille est la première création du Collectif pLuRiel. C’est un spectacle qui mêle danse, théâtre et musique originale autour de la sculpteur Camille Claudel. Nous sommes trois jeunes artistes à avoir travaillé sur la création de cette pièce. Aude Constans a écrit le texte, Marion Colombi a composé la musique et j’ai chorégraphié et mis en scène.

À partir des œuvres de Camille Claudel et de sa phrase restée célèbre " Il y a toujours quelque chose d’absent qui me tourmente. ", on s’interroge sur ce qu’est être un(e) artiste en mettant en scène deux figures de Camille, deux représentations de Camille, deux expressions de Camille prise dans son génie créatif. Nous entrons dans un temps non-linéaire, dans une temporalité qui n'en est pas une, et suivons les pensées d'une sculptrice tourmentée par quelque chose...

Pour l’interprétation, nous avons Apolline Di Fazio, une magnifique danseuse et Emma Latour une comédienne sensible et vraie. Nous avons également collaboré avec une photographe, Margaux Rodrigues, et une maquilleuse Gwen Cado qui nous ont aidé à créer un univers, une ambiance particulière. Durant cette création, l’esprit du Collectif était plus que présent. Nous avons eu la chance de pouvoir travailler au CND (Centre National de la Danse) à Pantin où nous avons pu créer avec Marion et ses musiciens. Ce spectacle est un dialogue constant entre le texte, la parole, la danse et la musique. C’est un travail difficile car on est sans cesse sur un fil et cela demande une grande écoute, mais une fois qu’on y parvient cela devient un vrai plaisir. Cela me fait penser au philosophe Nietzsche qui décrit l’artiste comme un être qui danse au bord des falaises.

Apolline Di Fazio et Emma Latour - Photo de Margaux Rodrigues
Apolline Di Fazio et Emma Latour - Photo de Margaux Rodrigues

Comment vous est venue l'idée de créer ce spectacle ?


Cela a commencé à l’automne 2014. Mon grand frère venu me rendre visite sur Paris m’a emmenée marcher le long du quai Bourbon. Il m’a montré l’immeuble où se trouvait l’atelier de Camille Claudel. Il m’a parlé de cette artiste et son histoire m’a profondément touchée. Je suis allée ensuite voir quelques unes de ses œuvres au musée Rodin. J’ai trouvé ses sculptures d’une grande sensibilité et justesse. J’ai eu envie de parler d’elle, non pas de façon biographique, mais sur comment cette sculpteur résonne en nous, artistes d’aujourd’hui.

 


Pourquoi l'oeuvre de Camille Claudel résonne autant en vous ?

 

J’ai trouvé une similitude entre la danse et la sculpture. Je pensais que la sculpture était quelque chose de figé et sans émotions. Quand j’ai vu les œuvres de Rodin et de Camille Claudel, j’y ai trouvé du mouvement, de la chair et des émotions. Le travail de Camille m’a beaucoup parlé par sa sensibilité à fleur de peau. Elle donne vie à la pierre. Observez ses sculptures et c’est comme si elle nous parlait.

Par ailleurs, j’ai été curieuse de comprendre qui elle était en tant que femme et en tant qu’artiste. Son destin, comme beaucoup, m’a touché par son côté dramatique. Je me suis posée la question de comment elle a pu en arriver là. Pour moi, elle est victime de la société de son époque avec ses carcans et ses préjugés. Mais aussi, il me semble qu’elle a été victime de son génie. Un génie non reconnu de son vivant, doublé d’une sensibilité viscérale. Je me reconnais en elle dans cette sensibilité qui nous fragilise et nous met en équilibre sur un fil. Je pense qu’on a tous, plus ou moins, une Camille en chacun de nous.

Pourriez-vous nous en dire plus sur vos projets précédents ?

J’aimerais bien mais au vu de mon jeune âge, et du fait que je débute, je ne peux que vous parler de ce que je fais en ce moment. En parallèle du spectacle Les secrets de Camille, je suis chorégraphe et danseuse pour la troupe de poètes/slameurs, Les p’tits jeunes, sur le spectacle Tronche d’En Vie. Je mets en danse certains de leur poèmes. Ce que j’aime dans ce projet c’est que la danse n’est pas juste un objet de décoration. Nous instaurons ensemble un vrai dialogue entre les mots et le mouvements, entre l’écriture littérale et l’écriture chorégraphique. C’est un vrai spectacle pluridisciplinaire. Aussi, je suis chorégraphe et danseuse pour la troupe de la musicienne et compositrice Marion Colombi qui propose des concerts de musique dans les hôpitaux ou à la campagne. Ce que j’aime et que je soutiens c’est la démarche de Marion d’emmener la culture là où on en a besoin, là où c’est une question de survie.

Je peux également vous parler de la prochaine création du Collectif pLuRiel. J’ai pour idée de reprendre le mythe biblique de la tour de Babel. Après le déluge, les êtres humains parlant tous le même langage, construisent une immense tour qui vient toucher les cieux. Pour les punir de leur impudence et prétention à vouloir aller Le toucher, Dieu brouille leur communication en leur donnant de multiples langages et les disperse au travers de la terre. Je trouve ce mythe très intéressant et j’aimerais le retranscrire à notre époque afin de proposer une réflexion sur la communication. Le XXIème siècle est, selon moi, le siècle de la communication avec, entre autre, l’essor des réseaux sociaux. Internet comme une nouvelle tour de Babel. Mais au lieu d’en faire un état des lieux alarmant, qui a pour cible la jeunesse, j’aimerais en donner une vision beaucoup plus positive et optimiste. Je n’oublierai pas d’en faire également la critique, mais ce ne sera pas cela mon cheval de bataille. Je suis assez émerveillée par la jeunesse de notre époque. Pour cette création, j’aimerais réunir la danse, la musique de différentes provenances, la poésie et l’art numérique. Un projet assez ambitieux donc…

 

 

Pourquoi avoir choisi l'art de la danse pour vous exprimer ?

 

Je m’exprime de façon générale de deux façons. J’écris et je danse. Durant mon parcours, j’ai entrepris de faire des études de philosophie en même temps que ma formation en danse. Danser et écrire ont toujours été mes deux moyens d’expression. Cela dit, professionnellement, j’ai préféré la danse. Ce que j’aime dans la danse c’est sa profondeur. Selon moi, l’écriture littérale est parfois trop abstraite et superficielle. La danse permet de donner de la chaire à la communication. Elle permet à la parole de prendre corps, de se matérialiser et lui donne, par conséquent, plus de profondeur. Quand on danse face à un public, c’est directement à sa corporéité que l’on s’adresse. Le spectateur, prit dans son intériorité, est alors, forcément, impliqué et deviens acteur de la création. Pour ma part, c’est ma meilleure façon de faire passer un message, une émotion, une histoire ou un simple état de corps.


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