Clément Raynaud et Tristan Azhari - Réalisateurs

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" Attends, c’est l’histoire d’un triangle amoureux où tout le monde se ment. Mais attends, ça n’est pas que ça. Ça pourrait être l’histoire d’une femme qui se fait agresser et qui veut se venger, ou alors celle d’un adultère. Attends, c’est peut-être les deux… "

L'hiver dernier, l'un des deux réalisateur a vécu une histoire d'amour pleine de passion avec une femme déjà engagée, mais ils ne pouvaient faire autrement. Même si cette relation était intense, le poids du mensonge qu'elle infligeait à son mari et au réalisateur finissait par les consumer tous les trois. Il en vint à élaborer des plans pour le rencontrer au détour d'une rue ou entrer chez elle pour les surprendre. Il finissait par penser que c'était un jeu malsain et qu'elle prenait du plaisir à lui faire subir toutes ces épreuves.

La première version du scénario avait été rédigée de manière chronologique. Les deux réalisateurs, Clément Raynaud et Tristant Azhari, ont remanié la structure afin de mieux illustrer le doute et la paranoïa qui découlent directement d'une situation comme celle-ci. Le triangle amoureux est un espace dans lequel on jalouse, on soupçonne et ou bien entendu, on se ment.

Dès notre plus jeune âge on nous apprend à ne pas révéler la totalité de nos avis ou de nos pensées. Le mensonge semble alors être une nécessité sociale. On ne dit pas à quelqu'un qu'on le trouve laid, on ne rappelle pas quotidiennement à celle ou celui qu'on aime ce qui nous déplaît chez lui. Dans le film, Alyssa et Charles s'unissent pour mentir, ce qui devient leur lien le plus fort afin de leur éviter d'affronter l'idée que leur couple s’essouffle. Mentir devient donc un besoin mais également un jeu. Dans ces conditions, la nature du mensonge n'est plus absolue.

La dissimulation et la désinformation sont des artifices majeurs du cinéma et spécifiquement du genre Thriller dans lequel s'inscrit le film. En utilisant les codes de l'interrogatoire et via la répétition de certains plans dans des séquences de flash-back ou de faux témoignage, nous voulons créer le doute sur la véracité des événements contés par les protagonistes.

Pour Clément et Tristan, le cinéma est un art de partage, principalement avec le spectateur. Ils ont délibérément déstructurer le récit afin de brouiller les pistes. En effet, il leur est important qu'un film amène des questionnements à son public, tout en lui donnant les clés pour comprendre la totalité de l’œuvre. Inspirés par la mise en scène de David Lynch ou des films comme Memento et Inception de Christopher Nolan, ils ont pour but de duper le spectateur en le laissant interpréter le film à sa guise tout en le menant, via des indices, jusqu'à la vérité que qu'ils ont établie en rédigeant le scénario.

Finalement, quand nous allons voir un film au cinéma, nous savons que nous regardons un monde irréel, inventé, un monde romancé donc faux quelque part. Bien qu'un projet naisse d'une volonté de partager une histoire écrite avec sincérité, cela n'est autre qu'un univers de mensonge. Un mensonge auquel nous aimons croire.